L'Etoile Guesthouse

Randonnées et séjour dans les Cévennes

Hiking and staying in the Cevennes在赛文地区远足与度假Поход и пребывание в Севеннах
La Lozère

Anna, Svend et Philippe à L'Etoile Maison d'hôtesSous le voile d’une nuit orpheline d’étoiles, la lutte contre le sommeil m’envahissait. Mes pieds, battant le rythme d’une douleur lancinante, portaient les stigmates du périple de la veille, un voyage qui semblait s’étendre sans fin. Je vous avais déjà parlé de cette aventure où j’accompagnais Philippe, notre ami brésilien, Anna, l’étudiante new-yorkaise en tourisme en stage parmi nous, ainsi que deux autres couples, en direction de l’antique forteresse et de la cité voisine de La Garde-Guerin.

Notre quête nous mena à l’ancienne église de Puylaurent, vestige que je soupçonne d’avoir jadis appartenu à La Bastide Puylaurent. De l’extérieur, l’édifice se dressait tel un fascinant patchwork architectural. D’un côté, il évoquait la majesté d’un sanctuaire grec, de l’autre, il aurait pu se confondre avec une église romane tout droit sortie des terres danoises. Son intégration harmonieuse avec une demeure voisine en faisait un tableau des plus pittoresques.

Après avoir rendu hommage à ce lieu sacré, nous nous sommes trouvés face à un barrage, franchissant un cours d’eau dont le nom nous fuyait. Était-ce l’Allier ? Non, cela ne collait pas. Les couples français, pensifs, consultaient panneaux et cartes. Après moult délibérations, nous avons conclu que nous étions face au Chassezac, une rivière qui allait croiser ma route à nouveau lors des prochaines étapes de mon périple.

Gorges du ChassezacLa première étape de notre voyage se fit en voiture jusqu’à La Garde-Guerin. Nous serpentâmes par des routes buissonnières avant de rejoindre l’autoroute D907 en direction de Villefort, traversant Prevencheres et même un terrain de golf. Philippe et les autres avaient évoqué La Garde-Guerin comme s’il s’agissait d’une simple tour. Dans mon esprit, je l’avais imaginée semblable à Polignac, aux abords du Puy en Velay, un lieu que je n’avais pas encore exploré mais dont j’avais saisi l’essence depuis les rochers jumeaux, le Rocher de Corneille et celui abritant la chapelle de St.Michel.

La tour, offrant un panorama époustouflant, se tenait stratégiquement sur la Voie Regordane, l’unique route historique reliant Paris à la Méditerranée, comme me l’avait appris Philippe. Même aujourd’hui, impossible de négliger cette tour de stature modeste, mais qui se dresse avec fierté. La cité médiévale, préservée avec soin, m’a laissé une empreinte indélébile. Sans étonnement, une partie de notre groupe s’est attardée, absorbée par l’exploration minutieuse de la région.

Pendant ce temps, l’autre fraction de notre assemblée trépignait d’impatience à l’idée d’entamer la marche retour vers La Bastide-Puylaurent. Ils m’ont proposé de me joindre à eux, munis d’une carte et d’une boussole, sûrs de leur habileté à retrouver le chemin. Cependant, je ressentais l’appel de la solitude pour cette marche. Alors qu’ils me tendaient leur invitation, Philippe était allé à la rencontre de l’autre couple et d’Anna, et mon sac demeurait prisonnier de la voiture. Plus tard, après avoir patienté dans l’habitacle surchauffé, j’interrogeai Philippe sur la possibilité de retrouver le chemin sans carte. Il estimait cela faisable, quoique ardu. Selon les cartes fragmentaires qu’il possédait, il me suffisait de marcher vers le nord. Cela ne devait pas être si compliqué. Le sentier était balisé GR®72. Hélas, j’ai dû oublier toutes ces indications, car sinon, rien n’aurait pu tourner aussi mal.

La voie Régordane à La Garde-GuerinAvant de prendre congé, Philippe m’interrogea sur ma connaissance des balises du sentier. Confiant, je lui assurai que oui, croyant n’y trouver que les traditionnelles marques rouges et blanches. Et pourtant, peu après son départ, je me retrouvai seul, confronté à une énigmatique marque jaune qui semblait plonger dans les gorges du Chassezac. L’affluence de voitures me laissait penser que c’était la bonne voie. Peut-être appartenaient-elles au golf voisin ? Personne en vue, et le chemin se terminait en impasse, me laissant sur d’immenses rochers après une descente périlleuse.

Ma malédiction me poussa à poursuivre sur ce prétendu sentier, à travers un paysage qui évoquait davantage les contrées désolées du Canada ou de l’Alaska. La descente fut ardue, tout comme la marche le long des gorges et l’ascension pour en sortir. Les pentes abruptes n’avaient rien de la douceur des lacets de ma descente initiale. Quelle satisfaction ce fut d’atteindre enfin la route, sous une chaleur capable de frire un œuf, trempé de sueur.

PrevencheresSur la route, mon esprit était fixé sur La Bastide-Puylaurent. En passant par Albespeyres, près de Prevencheres, et devant le gîte “La Butinerie”, l’idée de m’y reposer pour la nuit me traversa l’esprit, bien qu’il ne fût que deux heures et demie. Deux heures seulement s’étaient écoulées depuis mon départ de chez Philippe, mais quelles deux heures ! Mis à part une brève pause, je n’avais cessé de grimper depuis les gorges du Chassezac. Puis, après le village, les panneaux m’orientèrent à nouveau vers les gorges, sur une route de gravier bien plus praticable que les sentiers pierreux habituels. Un tunnel sous le chemin de fer plus tard, je croisai une famille allant dans la direction opposée – signe que je n’étais pas en territoire si inhospitalier.

Après le chemin de fer, la rivière m’accompagna, puis un grand panneau attira mon attention – un panneau que j’aurais dû examiner plus attentivement. Il me mena en erreur, non pas vers La Bastide-Puylaurent, mais vers Prevencheres, que je n’avais pas reconnu. Et là, un autre panneau “Val et gorges de l’Altier” que je lus, à tort, comme “Val d’Allier”. Je m’étais donc engagé vers l’est, alors que je devais maintenir ma route au nord.

Village médiéval de La Garde-GuerinJ’avais naïvement espéré que le sentier longe la montagne sans jamais s’en écarter. Mais la réalité fut tout autre, et mon irritation monta à mesure que je m’égarais. Finalement, j’abandonnai le chemin, avant d’y revenir, errant sans fin dans la mauvaise direction. Désorienté, je perdis toute notion de ma position. C’est ainsi que j’atteignis, épuisé, le village du Roure vers quatre heures et demie. Là, des randonneurs avaient laissé sur le panneau des indications manuscrites vers la Bessiere, que je trouvai plus fiables que les panneaux officiels qui m’avaient induit en erreur. Passé le village, un sentier s’élevait vers le belvédère des Chalmettes, un lieu omis des cartes mais bien réel, blotti au sud de la Bessiere.

À Chalmettes, la découverte d’un robinet fut comme une oasis miraculeuse dans le désert de ma soif. De ce point de vue, j’espérais embrasser du regard La Bastide-Puylaurent ou Villefort, des noms familiers qui auraient dû s’étendre dans la vallée. Mais à la place, c’était Pied de Borne qui se dévoilait, presque confondue avec Sainte Marguerite-Lafigere, paraissant immense depuis les hauteurs.

AlzonsLa Bessiere se tenait au nord, seule direction logique pour éviter la descente vers cette ville inattendue. À la recherche d’une carte régionale, je ne trouvais qu’un plan local, insuffisant pour mes besoins. Près d’un sanctuaire, je tombais enfin sur une carte détaillée. La Bastide-Puylaurent y figurait, telle une promesse dans le coin supérieur droit. Si je continuais sur cette route, je risquais de me retrouver au Roure, un lieu que je ne souhaitais plus revisiter. Ainsi, je pris la décision de m’aventurer à travers champs, en direction du nord-est, jusqu’à une forêt dense. Là, face à une falaise abrupte, je pris une pause bien méritée avant de reprendre ma route, bouteille d’eau à la main. Deux chemins s’offraient alors à moi : l’un barré à ma gauche, l’autre ouvert à ma droite.

Face à ce dilemme, j’aurais dû choisir le chemin barré, qui m’aurait mené vers le GR®72 et mon objectif. Mais je pris l’autre sentier, qui s’avéra être une impasse. Cependant, l’espoir renaissait avec la possibilité de descendre la falaise pour rejoindre la vallée. Les vallées sont des mondes à part, certaines paisibles avec leurs ruisseaux chantants, d’autres plus organisées, accueillant routes, chemins de fer et maisons éparses. Et puis, il y a ces gorges sauvages, où les pierres et les eaux tumultueuses se livrent une bataille sans fin. C’est dans une telle gorge que je me suis aventuré, loin de la tranquillité de la vallée matinale.

Jardin de L'EtoileLa gorge se dressait comme un défi, mais l’ombre de l’autre côté m’appelait. En grimpant la colline, la chaleur accablante du soleil s’estompa, laissant place à la fraîcheur des ombres. Un sentier bien tracé s’ouvrait devant moi, serpentant à travers un paysage accidenté et majestueux. J’aurais voulu capturer cette beauté brute avec un appareil photo, mais je n’en possédais pas. Ma localisation restait un mystère, perdue au cœur de l’immensité naturelle.

Au sein de cette nature indomptée, mon envie de retrouver la civilisation se faisait pressante. Ainsi, je pris la décision de rebrousser chemin. Descendant les sentiers tortueux, je parvins au village pittoresque et presque désert des Baumes. Là, je fis la rencontre de deux femmes, dont les sourires bienveillants évoquaient la sérénité des nonnes. J’aurais pu leur demander de me prêter leur téléphone, comme Philippe me l’avait suggéré en cas de perdition. Mais l’appel de la route était plus fort, et je poursuivis ma route.

Au-delà du village, une vieille borne kilométrique indiquait vaguement la direction de La Bastide-Puylaurent. La distance, jadis clairement inscrite, était désormais effacée par le temps. Je l’estimais à 8 km, mais une rencontre fortuite avec un homme, qui profitait de la vue depuis un barrage, m’informa qu’elle était en réalité de 12 km. Il me proposa aimablement de m’emmener sur 7 km, me laissant ainsi seulement 5 km à parcourir. Il venait des Fagoux, de l’autre côté de la rivière Born, et je me demandais si le chemin depuis les Fagoux aurait été plus court.

La route à venir était un ruban sinueux se faufilant à flanc de montagne. Je me surpris à rêver d’un itinéraire plus direct, peut-être un tunnel ou un pont. À l’approche de La Bastide-Puylaurent, les bruits lointains de la circulation, le rythme régulier d’un train et le carillon d’une cloche d’église emplissaient l’air. Ce soir-là, réuni autour de la table avec les autres, fut le couronnement d’une journée mémorable. Par Svend

 

L'Etoile Maison d'hôtes en Lozère

Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), Cévenol, GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, Montagne Ardéchoise, Margeride et des randonnées en étoile à la journée. Idéal pour un séjour de détente.

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