L'Etoile Maison d'hôtes

Randonnée au départ de La Bastide-Puylaurent en Lozère vers l'Abbaye Notre Dame des Neiges en Ardèche par le GR®7 et GR®72 commun puis par l'historique du Chemin de Stevenson GR®70 et la Voie Régordane.

 

Randonnée entre Vivarais et Gévaudan

Loubaresse en Ardèche

 

Abbaye Notre-Dame-des-NeigesJ'ai d'abord repris le chemin historique de Stevenson (GR®70 Chemin Stevenson) en direction de l'abbaye Notre-Dame-des-Neiges mais ni l'un ni l'autre n'ont de véritables charmes pour moi hormis l'étonnant microclimat qui court le long du Rieufrais.

Parfois, la neige semble suspendu au-dessus du monastère et seulement là. Les véritables enchantements commencent après Saint-Laurent-les-Bains en Ardèche par les ruisseaux de la Borne ou du Mas des Trucs. La forêt des Chambons avec ses pins pectinés que l'on découvre par le faîte est ensorcelante et l'arrivée sur Loubaresse par le col de Pratarabiat dégage une magie qui trouble les sens. peut-être les effets de la marche se font-ils alors sentir ?

Françoise et Marc au Gîte de Loubaresse en ArdècheJe conserve une pincée de nostalgie comme une poudre de perlinpinpin, malgré moi, en songeant à l'accueil de Françoise au gîte de Loubaresse avec mon ami Charles et ce jeune marcheur rencontré ici qui fuyait la bâtise du monde, jadis et naguère, (en essuyant la vaisselle, Françoise me parlait de Pierre Desproges, Etonnant-non ?) en me remémorant aussi la chute sans frein des feuilles de frênes en automne ou le glouglou de la fontaine du village.

Tout cela entre dans l'alambic obscur de la mémoire affective et se distille au gré des humeurs pour se réactiver ou s'enfouir dans la cornue des jours.

Afin d'éviter l'abbaye Notre-Dame-des-Neiges, j'oblique à gauche juste avant la ferme de La Courège par un sentier sous les épicéas. La pente est raide mais le pied devient vite intelligent et autonome. Les bois sont noirs et silencieux. Pourtant, la crête se dégage en vue du sommet d'Espervelouze à 1225 mètres. L'inévitable hideur du pylône haute tension frappe la vue et le paysage d'un sceau de sire triste. Le chemin (GR®7) suit la ligne de crête et domine la forêt communale de Laveyrune.

J'opte toujours pour les sentes à gauche et je finis par retomber sur l'itinéraire de Robert-Louis, le Steeve, son of the Cévennes.

Paysage du Vivarais en ArdècheL'itinéraire donné par Philippe est intéressant mais un peu inadapté parce que le ruisseau du Bois de Serres est dans l'ombre et que la piste, forcément usante, évite le côtoiement et le tutoiement du torrent qui se jette dans l'Allier.
Il est possible de plonger sur le torrent au niveau du ravin de Chaloueyre par un sentier bien tracé. Le ruisseau est un ravissement pour les sens. passé le pont en ciment et le gros dos d'âne toutefois fort Modestine, l'autre versant pétille de soleil. La litière de la hêtraie est rouille, sèche et moelleuse. Je trouve aisément un siège sur le talus.

Je n'ai plus qu'à me laisser inonder par le silence et la sérénité qui se dégagent des lieux, sur cette frontière évanescente. J'ai toujours beaucoup de mal à quitter pareils endroits d'autant plus que je sais qu'ils sont changeants et qu'un rien peut les perturber ou les anéantir: bruit de carabine, moteur d'avion, crantage des pneus au sol.

Paysage du Tanargue en ArdècheJe reprends le sentier en sous-bois le plus évident. Il existe bien quelques sentes à demi-enfouies mais le tracé général est sans équivoque. Je suis versant nord de La Blachèrette, un de ces innombrables mourres, serres, trucs, sucs, rancs ou autre dénomination usitée selon la langue vernaculaire du terroir. Les chemins creux rehaussés de vieux hêtres pourraient être ces lieux de passage pour un poëte pressé de trouver le lieu et la formule. qui pourrait vous donner l'envie de randonner dans ces hautes Cévennes.

Le Riou est un autre ruisseau qui court depuis ce château d'eau naturel et qui s'épate à la sortie du bois sur un replat tourbeux près du hameau de Serres. Un bien vilain hangar indique que l'on retrouve la civilisation et ses soucis d'efficacité, de rentabilité presque toujours au détriment d'une intégration harmonieuse. Même Serres sent la pince du rapace.

Paysage entre Lozère et ArdècheLe bourg est vide, làthargique, en suspens. Je prends le chemin vicinal goudronné puis, après quelques dizaines de mètres, l'ennui me gagnant, j'oblique à gauche par la deuxième descente et retrouve le ruisseau de Serres, bloqué à senestre par l'Avers du Bois de Serres, délivré à dextre par une prairie humide capable d'absorber tout débordement hors du lit.

Je cherche le point de passage sur le ruisseau. Heureusement, mon double mètre m'autorise quelques grandes enjambées. Je crapahute sur l'autre rive, m'accroche au genêt à balai, me hausse et retombe sur les traces de Robert Louis Stevenson l'Ecossais, dandy nan ! marcheur, yes !

Robert Louis StevensonLe GR®70, prend à gauche au-dessus du village de Rogleton, hameau égrené sur la Régordane et les bords de l'Allier.

Robert Louis Stevenson nous raconte: "Ma route remontait la Vallée chauve de la rivière longeant les confins de Vivarais et Gévaudan. Les monts du Gévaudan sur la droite étaient encore plus nus, si l'on peut dire, que ceux du Vivarais sur la gauche. Les premiers avaient un privilège de taillis rabougris qui croissaient épais dans les gorges et mouraient par buissons isolés sur les versants et les cimes. De sombres rectangles de sapins étaient plaqués sur les deux côtés.

Une voie ferrée courait parallèle à la rivière. Unique tronçon de chemin de fer du Gévaudan quoiqu'il y ait plusieurs projets sur pied et que des études topographiques aient été entreprises et même , m'a-t-on assuré, qu'eût été déterminé l'emplacement d'une gare prête à être construite à Mende."

La route, la voie ferrée, la rivière s'enfilent dans l'antique passage.

La Bastide-Puylaurent en LozèreLa Bastide Puylaurent semble très loin alors qu'elle n'est qu'à quelques kilomètres. Je n'ai plus qu'à suivre le chemin Stevenson. A l'orée du Fraisse, le verglas revient en sourdine et rend la montée sournoise. La Bastide est indiqué à une distance d'un kilomètre et cinq cents mètres. Une bagatelle quand on ne connaît pas le terrain et qu'on fanfaronne en soi. Je m'oriente vers le sentier recommandé par Philippe et consigné dans le classeur grimoire qui est à la disposition des clients de L'Etoile.
J'observe le lent déclin du soleil et la fraîcheur qui se réactive. J'atteins la piste sommitale.

C'est fou ce que font les 4X4 et autres engins de guerre et de peu. Dans l'étroitesse des sentes, je trouve des traces de pneus. J'aurai aussi le déplaisir de croiser un de ses bolides rugissant lors de la redescente vers La Bastide-Puylaurent et sa petite gare.

L'Allier entre Lozère et ArdècheLa Vallée en fer à cheval est très visible d'en haut. Les parois dessinent des barres rocheuses. Le paysage devient hanté malgré le U de la Vallée . Un chasseur me hèle. Il cherche son chien, pas celui sur son fusil, encore moins l'allure qu'il n'a pas. Je croise le canidé à clochette et lui indique la marche à suivre pour retrouver le fond de la caisse, du chenil et de la niche.

"Attaché dit le loup. Cela dit Maître Loup s'enfuit et court encore." C'est La Fontaine qui le fait dire au loup de la fable. Il y a aussi Tourgueniev qui exprime une idée similaire: "Tu as beau donner à manger au loup, toujours il regarde du côté de la forêt.".

J'ai opté pour la marche arrière car je vois que le déclin du père Râ devenu avare de sa chaleur et de sa lumière est synonyme de chausse-trape, un P au mot mais deux ou trois pets de trouille selon les maux qui s'annoncent, et de chute en sourdine. Qui m'entendra ululer de peur, de douleur et d'hébétude dans ce désert français ? J'aime me titiller et me fouetter de temps à autre. Je cherche tout de même les raccourcis possibles qui me feraient retomber dans la Vallée . J'emprunte des layons qui ne mènent qu'à des culs-de-sac. Finalement, je rebrousse et reprends le même chemin qu'à l'aller.

BillyIl est 17h30 au poteau indicateur de La Bastide-Puylaurent. J'ai encore un ruisseau fougueux à franchir avec des boules de granit verglacées en apéritif. Je traverse sans coup férir mais le temps précieux perdu à trouver le point de passage se fait sentir.

Le sentier prend par un ruisseau, en montée. J'ai l'impression d'avoir loupé une bifurcation. Je sais toutefois que je dois tracer droit devant moi. Un collet est à passer et La Bastide-Puylaurent se révèle derrière comme par enchantement, au dernier moment, à l'ultime dos d'âne. Soyons Modestine, c'est gagné ! 

Je veux repasser voir Philippe et Billy à L'Etoile. Aboiements de rigueur, serrage de louches avec vigueur. Je récupère la bicyclette. Je m'attarderais bien mais le train décolle vers 18 heures et quelques minutes. A bientôt pour de nouvelles aventures, Philippe !

Il y aura encore tant de choses à faire: goûter à la glace framboise au gîte du Bez, aller chercher le crépuscule sur le Moure de la Gardille, rêvasser devant la cheminée du gîte de l'Etoile, boire le petit café chez Josette au Cheylard l'Evêque.

 

 

L'Etoile Maison d'hôtes en Lozère

Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), Cévenol, GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, Montagne Ardéchoise, Margeride et des randonnées en étoile à la journée. Idéal pour un séjour de détente.

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